Saint-Pierre-et-Miquelon : Mission Atlantique

Depuis 2017, je travaille en collaboration avec la directrice artistique Emmanuelle Hascoët 

(https://www.fovearts.com/) sur un travail au long cours au coeur de l'archipel de St-Pierre-Et-Miquelon. 

 

L'idée de départ était de capter l'esprit philosophique de l'insularité à travers la photographie. La vie insulaire est un sujet qui me traverse depuis quelques années où je produis régulièrement des images sur ces lieux entourés d'eau : Ouessant et Groix pour la Bretagne, puis Minorque et Lanzarote en dehors du territoire français. 

 

Saint-Pierre-et-Miquelon m'a été initialement proposé lors d'une mission d'accompagnement du CNRS mené par Fovearts où j'étais artiste associé au laboratoire sur les questions de réchauffement climatique et de montée des eaux dans cet espace subarctique. Ayant des terres-neuvas identifiés parmi la généalogie familiale, j'ai rapidement découvert un lieu où les énergies naturelles et culturelles sont devenues terrain d'expérimentation pour ma photographie, réactivant également une sorte de mémoire inconsciente de l'histoire familiale. Avec la singularité d'une végétation propre à la région, j'ai aussitôt entrepris de continuer mon travail d'installation dans le paysage et de prise de vue d'espace sauvages. Parallèlement, je me suis aussi attaché à comprendre le battement du coeur de la ville de St-Pierre et de ses habitants. Au milieu de maisons toujours battues par le vent et le sel, au gré des rues aux côtes improbables offrant une sensation presque californienne à une échelle microscopique, j'ai enregistré des lieux de couleur et de vie dont la singularité ne m'a depuis jamais quitté. 

 

Il y a une force étonnante dans le rapport au temps sur l'archipel, c'est un endroit profondément actif, vivant, mais dont l'intervalle de vide entre deux "moments" existe encore. Il y a encore ici le creux du temps, celui qui fait la création et l'inspiration mêlées. Nul part ailleurs je n'ai senti aussi profondément  cette possibilité, sauf peut-être à Ouessant quand j'ai eu la chance de résider au sémaphore un mois durant. 

 

Une collaboration avec le musée de l'Arche et Fovearts m'a également permis de travailler avec les habitants et de construire plusieurs workshops sur place ainsi qu'une exposition muséale en 2018.

 

Aujourd'hui je continue ma série au long cours avec des voyages réguliers quand ma logistique le permet. Cette série ne sera peut-être jamais tout à fait terminée, mais termine-t-on jamais vraiment un travail photographique dans un lieu vivant ? 

 

Depuis 2017 je construis quatre axes thématiques autour de lieux et de présences.

 

Paysages construits, paysages humains, est une série portant la marque de l'architecture de l'île. A travers des cadrages souvent réduits à des portions architecturales, le jeu visuel se façonne avec la puissance de la couleur et les détails de texture. L'intérêt est également de ressentir cette évidence du "dedans/dehors" qui fait la force esthétique des régions froides où habiter la maison est d'une importance sans précédant notamment en période hivernale. 

 

Les énergies illustrent des lieux intérieurs ainsi que les hommes et les femmes qui les ont construits et habités. Sans chercher à tomber dans le cliché de la grande pêche révolue et de sa nostalgie, j'ai photographié certains espaces préservés où des maisons portent encore intactes les empreintes de cette époque. La série se concentre également sur les habitants témoins  qui ont vu leur île passer d'un centre névralgique de la pêche française à un archipel qui se réinvente aujourd'hui dans la gestion de ses ressources.

 

L'île aux marins. Cette île secondaire, terre plate d'à peine deux kilomètres à quelques encablures du port de St-Pierre, se faisait aussi appeler l'île aux chiens. Aujourd'hui habitée seulement partiellement à l'année, elle fait l'objet d'une rénovation patrimoniale de ses édifices avec un ensemble préservé de maisons de pêcheurs et de saline postées ca et là au milieu des landes herbeuses. L'île aux marins est un lieu de lumière et de contraste, c'est un terrain photographique où le présent et le passé s'entrechoquent continuellement.

 

Installations in situ. Depuis ma première mission sur place je travaille mes installations dans la nature en utilisant la flore de l'île. Ce travail accompagne d'autres travaux parallèles déjà entrepris en Métropole ou à l'étranger. Certaines oeuvres produites sur place font partie de l'ouvrage "Sur-nature" publié aux éditions Filigranes en décembre 2022.

 

Pour parcourir la série veuillez cliquer sur le visuel ci-dessous :